Festival Fringe St-Ambroise Montréal 2018: la danse (Dance Side of the Moon, Étude sur l'Attente, Rétrospective)


par Luc Archambault


     La danse est l'un de mes arts de prédilection. Non pas que je sois un danseur, mais j'aime le mouvement, les chorégraphies, l'abandon et la démesure souvent mis en scène par ces cosmonautes des planches. On ne peut dire que l'édition du Fringe de cette année fut riche en spectacle de danse pure. Même dans ces trois spectacles retenus, l'un d'eux fut mixte (poésie/danse). M'enfin. Espérons mieux (surtout plus) pour l'an prochain.


Dance me side of the Moon

Photographe: Helen Simard

     Un disque (vinyl) épique: Dark Side of the Moon, de Pink Floyd. Matériau sur lequel bâtir une chorégraphie? Certainement. Helen Simard, en compagnie de son émérite danseuse, Maxine Segalowitz, ont réussi leur pari de main de maître. Au début, je dois avouer avoir été bousculé par la gestuelle de mme Segalowitz. Je ne comprenais pas l'adéquation entre ces mouvements amples et majestueux à la trame musicale. J'y voyais même une certaine forme d'hérésie vis-à-vis Pink Floyd. Mais l'intensité grandissante et la transe profonde de cette interprète m'ont vite gagné. Jamais plus je n'écouterai cet album sans revoir cette chorégraphie dans mon cinéma mental. Magistral.  

Étude sur l'Attente

Photographe: Flavie Lemée

     Deux personnes sur scène. Un homme au clavier, David Sénécal, et une danseuse, Charlotte Raoutenfeld. S'en suit un spectacle d'une intensité particulière, où mme Raoutenfeld danse avec une passion évidente. Elle se déhanche, s'abandonne sur les rythmes que son partenaire joue. Quelle énergie! Quelle majesté! De la véritable poésie en mouvement. Ne serait-ce de l'apport plus que lourd de Pink Floyd dans Dance Side of the Moon, Étude sur l'Attente aurait reçu ma palme pour le spectacle de danse de l'année. Brillant. À suivre à l'avenir....  


Rétrospective (une compilation)

Photographe: Dimitri Rousseau

     Ici, l'artiste Izabella Marengo nous offre un amalgame de sa carrière, en tant que danseuse et poète. Tellement d'oeuvres que son spectacle se décline en deux versions. Malheureusement, celles-ci sont mal divisées; la Face A offre une plus grande part à la poésie, alors que la Face B jette un oeil plus approfondi à la danse. Les spectateurs étaient appelés à voter avant chaque spectacle, pour choisir la Face jouée, en un processus pour le moins ésotérique. Le jour où j'ai assisté à ce spectacle, la Face B l'avait emporté (!?). Mais pareil processus semble pipé d'avance. Et c'est là où le bat blesse.
     Parce que mme Marengo est une danseuse/chorégraphe sage. Au contraire des deux spectacles précédents, elle ne se lance pas dans le vide. Elle s'est installé un filet de sûreté et semble y tenir. Les musiques (du moins celles de la Face B) évoquent les années soixante, cinquante... en tout cas, elles ne semblent pas contemporaines. Ni même ethniques, ce qui aurait été de mise, surtout compte tenu des inspirations poétiques de cette muse. 
     Il en découle un spectacle où manquent l'intensité, la démesure appropriée à des chorégraphies percutantes. Tout ceci évoque pour moi la trop sage Margie Gillis, avec ses chorégraphies roses bonbon et son absence de risque. Tout pour plaire à la mièvre majorité. Mais ici, mme Marengo, nous sommes au Fringe, pas à la Place des Arts ou à un spectacle de fin d'année à un CEGEP quelconque. Le Fringe devrait être un lieu d'exploration et de dépassement. Malheureusement, ce sont pareilles chorégraphies qui sont dépassées. Si au moins l'apport de la poésie avait été plus probant et omniprésent, le spectacle en aurait été grandement rehaussé. Peut-être, à l'avenir, revoir les deux Faces, quitte à les combiner et diminuer l'espace chorégraphique...



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